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Ni Fast, Ni Furious : et si la voiture d’hier était celle de demain ? 

 

Nathan Cussol, étudiant à l'ENSCI les Ateliers

30 mai 2022

Aujourd’hui, pour rendre le parc automobile plus propre, les automobiles en fin de vie sont remplacées par des modèles plus propres - électriques ou hybrides - via la prime à la casse ou la prime à la conversion. 

Ces mesures ont pour effet secondaire de générer un grand nombre de déchets automobiles : des voitures encore fonctionnelles mais ne correspondant plus aux normes s’accumulent dans les casses. Pourrait-on tirer profit de ce gisement pour reconstruire des automobiles électriques actuelles, sobres et désirables ?    

C’est la visée du projet Ni Fast, Ni Furious, projet de diplôme de master en Création Industrielle à l’ENSCI-Les Ateliers : imaginer une filière alternative à l’industrie automobile vers plus de circularité et à une échelle locale.   

L’enjeu est de concevoir des composants standards etrationalisés qui accompagnent le rétrofit (conversion à l’électrique de la base roulante existante) pour rendre attractives ces voitures électriques d’usage quotidien. 

L’ensemble batterie et moteur électrique est dimensionné pour une autonomie de 150 km et une vitesse maximale de 90 km/h, suffisant dans la grande majorité des cas notamment dans les territoires où il n’existe peu ou pas d’alternatives à la mobilité individuelle.   

Image 1 : Écosystème d’acteurs   

Ce process engagerait des acteurs déjà impliqués dans l’industrie automobile ou sa maintenance : les constructeurs conçoivent et organisent, les équipementiers produisent les composants, les garagistes réalisent les opérations de démontage, de conversion et de remontage.  

Faire évoluer les garages, dont l’activité va diminuer avecl’essor de l’électrique, vers une activité de remanufacturing permet de bénéficier de leur implantation sur le territoire et de la pré-existance de leurs infrastructures.   

Image 2 : (Clio en démontage) ©Photo Nathan Cussol   

Comme cas d’étude, Ni Fast, Ni Furious se base sur la Renault Clio 2, archétype de la voiture individuelle populaire des années 2000, présente en masse et peu chère. En gardant en tête les contraintes de l’écosystème dans lequel le projet s’implante (utilisation d’un outillage simple et peu couteux à développer, conception de composants standards, modulables et évolutifs, etc…) 3 pistes sont développées, comme un échantillon de la démarche globale à mettre en place : la portière, le siège et la calandre.   

Image 3 ©Photo Véronique Huyghe   

La portière incarne concrètement les contraintes d’implantation du nouveau sur l’ancien par ses reliefs et cavités existants. Ses composants sont conçus dans une logique de semi produit et son revêtement est thermoformable à l’aide d’outillage simple. Elle ne conserve que l’accoudoir, la poignée et le vide poche. Les composants électroniques (lève vitre et haut-parleur) seront ré-intégrés dans une console centrale au niveau du tableau de bord.   

Images 4 - 5 - 6 : (Portière et détails) ©Photo Véronique Huyghe   

Le siège représente l’habitabilité du véhicule. Il est simplifié et allégé, le principe de toile tendue sur une structure en aluminium permetd’utiliser peu de matières différentes et rend l’objet démontable en fin de vie. Un vide poche est présent sur le côté du siège en complément de celui de la portière. L’appuie tête en tube gainé de mousse se prolonge dans le dos pour pouvoir y loger un airbag à destination du passager arrière en cas de choc.   

Images 8 - 9 : (Siège et photos de détail) ©Photo Véronique Huyghe   

La calandre confère une nouvelle identité extérieure au véhicule. Pour harmoniser le système de fixation sur n’importe quelle base, un tube est fixé à l’avant par des connecteurs. Sur cette nouvelle interface s’articule un phare, conçu en symétrie (le même phare peut être monté à droite ou à gauche en le retournant) et des tôles d’aluminium misent en forme par pliage ou cintrage pour épouser les courbes existantes de la voiture.   

Images 10 - 11 - 12 : (Calandreet photos de détail) ©Photo Véronique Huyghe   

En proposant un modèle industriel alternatif pour la voiture de demain, ce projet s’inscrit dans une logique de sobriété et de lutte contre l’obsolescence par l’évolution, en faisant durer au maximum l’existant.  Sa visée globale est de mettre en lumière un enjeu à venir pour l’automobile : toujours permettre se déplacer d’un point A à un point B mais en démocratisant la mobilité, en la rendant soutenable.     

Nathan Cussol - ©Photo Véronique Huyghe