Revenir au site

Faire Réseau

pour changer le quotidien

22 mai 2023

Pour se déplacer une personne doit s’appuyer sur quatre réseaux ou infrastructures dans le but de réaliser une activité. Ces quatre infrastructures s’appuient elles-mêmes sur quatre familles d’acteurs très différents ayant chacun des modèles économiques, des compétences et des temporalités singulières : les industries des objets roulants, celles des énergies, celles des infrastructures et celles des
informations.

Quand vous vous déplacez, soit vous passez par un opérateur type SNCF ou Transdev qui se charge de réserver un véhicule avec un conducteur, faire le plein, choisir la route et donner des horaires, soit vous gérez tout cela vous-même.

Sur un temps long, les modes dominants ont, en miroir, généré les infrastructures et les activités, et inversement. La grande distribution, par exemple, s’est appuyée sur le binôme voiture/route pour construire des magasins aux périphéries, générant à son tour la nécessité
d’avoir une automobile, générant à son tour la possibilité d’expansion urbaine.
Il n’y a donc pas d’usage d’un véhicule sans son réseau adapté. Le vélo et ses infrastructures en sont la preuve récente.

Le développement de la voiture électrique commence par les ménages aisés. L’étude de Franceinfo montre que l’électrique fait beaucoup d'adeptes dans les métropoles, et tout
particulièrement dans les communes pavillonnaires plutôt cossues éparpillées autour de ces très grandes villes.

source FranceInfo

Cette distinction n'étonne pas le chercheur Bernard Jullien, maître de conférences à l'université de Bordeaux. "Les véhicules électriques sont beaucoup achetés comme deuxième voiture, par des propriétaires de pavillons qui font plusieurs dizaines de kilomètres tous les jours pour aller travailler dans les grandes villes", explique ce spécialiste de la filière automobile à franceinfo. Quant aux habitants des zones rurales, le chercheur explique leur faible équipement en voitures électriques par la barrière du prix. "Nous aurions besoin que le monde rural soit lepremier à électrifier son parc automobile. Mais ses habitants seront les derniers à le faire, à cause des contraintes budgétaires", regrette Bernard Jullien.

L’extrême Défi souhaite proposer une famille de véhicule électrique moderne pour les quotidiens, notamment dans les territoires ruraux pour répondre à ces besoins. Et pour cela, il reste essentiel de développer un réseau d’infrastructures sans pour autant avoir besoin d’en créer un nouveau.

La dernière Note de recherches de Pierre Helwig pour le Forum des Vies Mobiles, 100 réseaux de métro pour desservir la France, apporte des propositions chiffrées intégrées dans une feuille de route ambitieuse et crédible. De nouveau il est observé que le rural est mal outillé pour construire des offres répondant à des demandes spécifiques à la fois pour des questions de gouvernance (voir le chapitre sur les AOM) et des financements. P.Helwig propose pour développer les modes actifs dans le rural :

  • de sécuriser les axes « automobile »par des bandes cyclables et de l’éclairage aux croisements,
  • de prioriser les modes actifs dans un réseau devoies secondaires, quitte à les interdire dans certains cas aux automobiles.

Ces mesures, qui sont à piloter au niveau du département, les coûts de l’ordre sont de l'ordre de, respectivement, 376 M€ par département pour sécuriser et 139 M€ pour prioriser certains axes. Il n’a pas été estimé les bénéfices en terme d’entretien, maintenance des voies secondaires moins endommagées. Ce réseau viendra se combiner à une offre structurée d’autocars cadencée sous la forme d’un « métro ».

Les Véhicules intermédiaires pourraient bénéficier de ces réseaux pour mieux s’intégrer dans le quotidien des françaises et des français. La France dispose, à ce jour, l’un des réseaux les plus denses au monde, ce qui engendre des coûts d’entretien. Il est tout à fait réaliste d’en dédier une partie aux modes actifs. Ce changement ouvrira de nombreux bénéfices que l’on peut déjà esquisser :

  • Réduire les dépenses de maintenance et d’entretien puisque les véhicules sont 10 à 100 fois moins lourds,
  • Redonner du pouvoir d’achat aux ménages et aux entreprises qui basculeront sur les modes actifs et véhicules intermédiaires (en lien avec le point vu précédemment),
  • Contribuer à baisser les externalités négatives notamment les émissions de GES, polluants et également de bruit,
  • A l’inverse, bénéficier d’externalités positives sur la santé,
  • Développer de nouvelles activités économiques dans les territoires liées, par exemple, au tourisme, ou encore pouvoir relocaliser des activités quotidiennes sur les nœuds de ces réseaux modes actifs,
  • Renforcer la résilience du territoire en développant des capacités à fonctionner sans aucune énergie fossile.

Nous appelons les départements à se saisir de cette opportunité en lien avec les régions pour étudier en détails les nombreux avantages d’une telle transition vers les modes actifs. Cette transition a le mérite de pouvoir être mise en place sur une partie d’un département, dans un premier « territoire de vie quotidienne » avec un minimum d’investissements et très rapidement.

Qui sera le premier département à s’engager pour aménager un tel réseau capable d’accompagner les changements de mobilité vers des modes actifs modernes et d’ouvrir de nombreuses externalités positives ?