Leur simplicité, plasticité, localité, versatilité leur confèrent des super-pouvoirs spécifiques bien au-delà de leurs tailles et dimensions. Cet ensemble de caractéristiques majeures pourrait leur permettre de devenir des points d’appui pour des marques leur permettant d’incarner leur présence dans le secteur des transports. Nous allons détailler tout cela…
Avec les plateformes d’applications App/Google Store, Apple/Android donnent accès aux capteurs et aux interfaces des téléphones (un marché de plusieurs milliards de téléphone) pour permettre à des développeurs extérieurs aux entreprises Apple/Google de développer des applications. Pour cela Apple/Google fournit un Kit (le SDK) pour aider les développeurs dans leur travail. De façon similaire, les constructeurs de véhicules intermédiaires pourront donc :
- S’organiser pour partager un même Store et définir des règles homogènes,
- Donner accès à certains capteurs et interfaces des véhicules,
- Produire un VDK (Vehicle Development Kit) pour permettre à d’autres de concevoir et réaliser des composants, accessoires, logiciels.
Vous trouvez cela intéressant ? Et bien cela existe déjà sous des formes très proches mais pas totalement organisé comme je viens de le décrire… La fondation Eclipse (seule fondation européenne sur l’open source) porte la communauté Software Defined Vehicle, MIH de Foxconn développe également une plateforme ouverte et un SDK pour devenir l’Android / Google Store de la Mobilité ou encore l’association Vélo Solaire pour Tous a développé le véhicule Vhélio entièrement documenté, assemblable avec une clé de 12 avec un guide et une communauté en ligne.
Imaginons donc que nous soyons capables de concevoir et d’industrialiser des skateboards (la base roulante comprenant le chassis, roue-amortisseur, moteur et chaine de transmission, batterie). Ce socle physique sera associé à une suite logiciel comprenant le VDK permettant de créer de nouvelles applications. Cet ensemble fournira les règles, les interfaces, les dimensions pour permettre à une multitude d’acteurs locaux et mondiaux de créer une infinité d’accessoires et sous-ensembles pour répondre à des besoins métiers, à de nombreux usages dans des contextes locaux (neige, relief, tout terrain, …) qui sont aujourd'hui non révélés et invisibles.
Des marques, ajourd'hui éloignées du secteur des transports, auront alors la capacité pour exprimer leur vision du monde, pour incarner leurs technologies ou encore pour prolonger leurs produits dans le monde des transports.
Des « objets roulants » Nike, Salomon, Vuitton ou encore Pierre & Vacances pourront apparaitre. Ils fourniront des services autour des complexes sportifs, pour aider les professionnels dans les parcs naturels, pour offrir des solutions de visite de sites au départ des grands hôtels ou des circuits touristiques d’un nouveau genre…
vu à Shenzhen en 2019
Il ne s’agit plus uniquement de concevoir des véhicules plus petits, plus légers, mais d’ouvrir une nouvelle industrie qui ne va pas reproduire les canaux de production et de distribution de l’automobile mais créer de nouvelles chaînes de valeur. Ces véhicules « modernes » auront donc la plasticité, la réversibilité, la capacité à évoluer en continu, en tirant profit de produits/déchets locaux pour, par exemple, créer une carrosserie souple.
A l’inverse cela vient réinterroger complètement le métier même du « constructeur » qui n’en est plus un … Ce dernier ne va plus « construire » le véhicule puisqu’ils seront assemblés localement chez un réseau de garagiste, dans un magasin de sport ou un service technique de mairie pour être certifié et commercialisé, mais il ne va pas non plus concevoir l’intégralité des composants et accessoires qui iront sur le véhicule. Une partie de la chaîne de valeur va donc lui échapper… je dirai même DOIT lui échapper. Certains composants et accessoires seront conçus et développés par des personnes extérieures au constructeur, comme le développeur d’application n’est pas un salarié d’Apple.
L’automobile vient d’une industrie où tout est conçu de façon centralisée, puis vendu pour contrôler l’intégralité d’un produit fini avec une approche principalement linéaire. Les véhicules intermédiaires viendront d’une industrie distribuée capable de mettre en circulation des véhicules très performants et sûrs tout en impliquant des chaînes d’acteurs
distribuées et reconfigurables permettant de répondre à une infinité de besoins et cas d’usages qui ne sont pas visibles et accessibles de façon centralisée.